
Le président syrien Bachar el-Assad a accordé un entretien au magazine Paris-Match. Il y revient sur la responsabilité des Etats-Unis dans la création de l’Etat Islamique.
Parlons du groupe Etat Islamique. On entend dire parfois qu’au départ, le régime syrien a encouragé la montée des radicaux islamistes pour diviser l’opposition. Que répondez-vous ?
- D’abord en Syrie, nous avons un Etat, pas un régime. Soyons clair sur la terminologie. Si nous supposons que cela est vrai, et donc que nous avons soutenu l’Etat Islamique, cela revient à dire que nous leur avons demandé de nous attaquer, d’attaquer nos aéroports militaires, de tuer des centaines de nos militaires, d’occuper nos villes et nos villages. Où est la logique là-dedans ? Qu’avions-nous à gagner dans tout cela ? Diviser et affaiblir l’opposition, comme vous le dites ? Nous n’avions pas besoin de le faire. L’Occident lui-même reconnaît que cette opposition était fantoche. C’est ce qu’Obama lui-même a dit. L’hypothèse est donc fausse. Mais alors, où est la vérité ? En réalité, l’Etat Islamique a été créé en Irak en 2006. Ce sont bien les Etats Unis et non la Syrie qui occupaient l’Irak. Abou Baker al Baghdadi était dans les geôles américaines et non dans les prisons syriennes. Qui a donc créé l’Etat Islamique ? La Syrie ou les Etats Unis ?
Les Syriens que nous rencontrons à Damas font plus allusion aux cellules dormantes djihadistes en occident qu’à la guerre contre l’Etat Islamique. C’est étonnant, non ?
- Le terrorisme est une idéologie et non des organisations ou des structures. Or, l’idéologie ne connaît pas de frontières. Il y a vingt ans, le terrorisme s’exportait depuis notre région, en particulier depuis les pays du Golfe comme l’Arabie Saoudite. A présent, il nous vient d’Europe, et notamment de France. Le plus gros contingent de terroristes occidentaux venus en Syrie est français. Ils commettent des attentats en France. En Belgique, ils ont attaqué le musée juif. Le terrorisme en Europe n’est plus dormant, il s’est réveillé.
Les Américains sont aujourd’hui, contre l’Etat Islamique, des alliés tactiques. Considérez-vous toujours leur intervention comme une violation du territoire syrien?
- Vous avez utilisé le mot tactique, et c’est là un point important. Vous savez bien qu’une tactique n’a aucun sens sans une stratégie. Car elle seule n’arrivera pas à venir à bout du terrorisme. Il s’agit d’une intervention illégale, d’abord parce qu’elle n’a pas reçu l’approbation du Conseil de sécurité, ensuite parce qu’elle n’a pas tenu compte de la souveraineté d’un Etat qui est la Syrie. La réponse est « oui », c’est une intervention illégale, et donc une violation de la souveraineté nationale.
L’AFP rapporte que votre aviation a effectué 2000 sorties aériennes en moins de 40 jours, ce qui est énorme. Quand vos avions croisent leurs avions, par exemple en allant bombarder Raqqa, existe-t-il un protocole de non agression ?
- Il n’y a pas de coordination directe. Nous attaquons le terrorisme là où il se trouve, sans prendre en considération ce que font les Etats Unis ou la coalition. Vous seriez sans doute surpris d’apprendre que le nombre quotidien de sorties de l’aviation syrienne pour frapper les terroristes est supérieur à celui de la coalition. Donc d’abord il n’y a pas de coordination. Ensuite les frappes de la coalition ne sont que cosmétiques.
François Hollande continue de vous considérer comme un adversaire, est-ce que vous pensez qu’à un moment le contact pourra être renoué ?
- Ce n’est pas une question de relations personnelles. D’ailleurs je ne le connais même pas. Il s’agit de relations entre Etats et institutions, et dans l’intérêt des deux peuples. Nous traiterons avec tout responsable ou gouvernement français dans l’intérêt commun. Mais l’administration actuelle œuvre à l’encontre des intérêts de notre peuple et de ceux du peuple français. Je ne suis ni l’ennemi personnel ni le rival d’Hollande. Je pense que c’est plutôt Daech qui est son rival, puisque leurs cotes de popularité sont très proches.




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Un décryptage très intéressant de Thomas Flichy de la Neuville (professeur à l'ESM de St Cyr) sur
438 militaires ukrainiens qui refusent de servir de chair à canon au profit des intérêts de Bruxelles, de Washington et des oligarques ukrainiens et qui dans la foulée demandent asile aux autorités russes, voilà un évènement dont n’importe quel journaliste digne de ce nom se serait aussitôt la nouvelle répandue, rendu sur les lieux pour en savoir plus. Or à en juger par l’indifférence avec laquelle les correspondants de la pesse américaine basés en Russie ont accueilli cette information, il ne fait aucun doute que ces derniers sont uniquement là pour relayer les communiqués de presse de l’armée ukrainienne. Invités par les autorités russes à se rendre dans la région de Rostov pour aller à la rencontre de ces 438 demandeurs d’asile cantonnés dans un camp, les journalistes de CNN, The New York Times, The Washington Post et The Christian Science Monitor, ont décliné l’invitation qui leur était faite estimant sans doute que cette information ne méritait pas d’être exploitée. A moins, et c’est la raison la plus probable, que l’ordre leur ait été donné par leurs rédactions aux ordres de ne point parler d’une affaire qui risquait de mettre à mal la version officielle de la crise ukrainienne où quoi qu’il arrive les rebelles du Donbass sont à ranger du côté des « méchants », l’armée des putschistes et ses milices, du côté de celui des « bons ». Que les désertions de ces dernières semaines parmi les militaires ukrainiens se chiffrent par centaines, qu’un mouvement hostile à la guerre ne cesse de croître dans l’Ouest du pays, ne devraient rien changer à l’affaire. Seul importe de ne pas troubler la conscience des citoyens de base qui continueront d’ignorer comment une armée soutenue par leur pays provoque en Europe des destructions massives d’infrastructures civiles par des bombardements aveugles à l’artillerie lourde, des centaines, voir des milliers de victimes parmi la population et l’exode déja de centaines de milliers d’hommes, de femmes et d’enfants innocents, sans compter les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité perpétrés par des milices impregnées d’idéologie raciste.